À une époque où l’environnement et le réchauffement climatique sont au centre de toutes les attentions, notre société tente de trouver des solutions plus écologiques dans de nombreux domaines.
Et contre toute attente, cela concerne aussi le secteur funéraire, et plus particulièrement les cimetières, qui nécessitent un entretien à base de pesticides particulièrement polluants pour les nappes phréatiques et la biodiversité.
C’est donc pour pallier cette problématique que le cimetière zéro-phyto se dresse désormais comme une alternative sérieuse et pérenne pour les municipalités, et ce, d’autant plus depuis l’entrée en vigueur de la loi Labbé. Explications.
Tout savoir sur le concept du cimetière zéro-phyto
Comme son nom l’indique, le cimetière zéro-phyto est un cimetière qui n’utilise aucun produit phytosanitaire pour son entretien. Dans cet espace, contrairement aux cimetières traditionnels, la nature est respectée et la biodiversité peut prospérer.
Comme nous l’avons vu en introduction, cette solution a émergé à la suite de la loi Labbé qui, depuis le 1er janvier 2017, interdit à l’État, aux collectivités locales et aux établissements publics d’utiliser des produits phytosanitaires pour l’entretien des espaces verts, promenades, forêts et voiries.
Depuis le 1er juillet 2022, les cimetières sont en effet, eux aussi, concernés par cette réglementation, d’où la nécessité de se tourner vers des alternatives respectueuses de l’environnement.
Qu’est-ce qui caractérise un cimetière zéro-phyto ?
Pour qu’un cimetière puisse être considéré comme zéro-phyto, ce dernier doit respecter un certain nombre de bonnes pratiques.
En premier lieu, il est important de laisser pousser, voire de semer si besoin, plusieurs espèces de plantes.
Cela concerne non seulement les allées du cimetière, mais aussi les alentours des tombes. L’idée est évidemment d’éviter les risques d’érosion et de faciliter l’infiltration de l’eau, tout en augmentant la biodiversité des sols.
En d’autres termes, hormis une simple tonte de temps à autre, plus besoin de se lancer dans un grand entretien régulier à base de produits en tout genre.
Bien entendu, il reste important de faciliter l’accès au cimetière et aux tombes grâce à de grandes allées, que ce soit pour les piétons ou les véhicules funéraires.
Néanmoins, là aussi, ces zones doivent être entretenues sans avoir recours aux pesticides. Pour respecter les conditions inhérentes au cimetière zéro-phyto, il faut donc au choix :
- Désherber manuellement, même si cela prend du temps ;
- Désherber mécaniquement, avec une brosse rotative, une solution d’autant plus pratique pour les petits espaces exigus.
Notons qu’il est préférable d’éviter le désherbage thermique, qui nécessite d’agir sur la plante via un afflux de chaleur la desséchant jusqu’à sa racine. S’il s’agit d’une solution plus écologique que les pesticides, elle n’est pas pour autant sans risques (incendies, etc.).
Pour finir, un cimetière zéro-phyto se doit d’être un espace aussi naturel que possible. Par conséquent, il est primordial de planter des arbres ou des arbustes, afin de lui redonner un caractère sauvage, digne de n’importe quel autre lieu de promenade.
Les avantages du cimetière zéro-phyto
Le concept même du cimetière zéro-phyto repousse encore plus loin les directives initiées par la loi Labbé, mais l’enjeu est de taille. Il faut dire que l’entretien habituel des cimetières a plusieurs répercussions insoupçonnées :
- La pollution des nappes phréatiques, qui impacte au passage les habitants aux alentours ;
- La destruction des sols et de la biodiversité dans un large périmètre.
Pour des questions de santé publique, mettre en place un cimetière zéro-phyto semble donc être un choix d’avenir pour les municipalités, bien que ces dernières soient encore nombreuses à utiliser des pesticides.
Pourquoi ? Tout simplement parce que les habitants sont conditionnés à un certain type d’entretien. La présence d’herbe, de fleurs ou de tout autres végétaux est souvent mal interprétée, voire condamnée, surtout chez les plus anciens.
Opérer une transition vers un cimetière zéro-phyto
Si vous êtes une municipalité soucieuse de l’environnement et que vous souhaitez réorienter votre pratique vers la création d’un cimetière zéro-phyto, vous devez prendre conscience d’un certain nombre de points.
Au-delà de tout ce qui concerne l’entretien et les bonnes pratiques type que nous avons vu précédemment, il est préférable que vous communiquiez les raisons de votre décision à vos administrés. Affichage, bulletin municipal ou dépliants déposés dans les boîtes aux lettres, vous devez informer les habitants de votre commune des changements à venir. Cela vous permettra non seulement d’éviter les plaintes pour abandon de l’entretien, mais en plus, vous pourrez potentiellement sensibiliser la population aux enjeux environnementaux.
C’est également l’occasion idéale d’éduquer tout un chacun sur les autres éléments responsables de la pollution des sols dans les cimetières.
En effet, entre les soins de conservation, qui finissent par se répandre dans les nappes phréatiques, ou les cercueils, qui peuvent mettre du temps à se décomposer, ce sont toutes nos habitudes qui doivent être revues pour des obsèques plus écologiques.
(Crédits photo : iStock / Tom Wilde)