Quels symptômes peuvent alerter face à un déni de grossesse ?

La rédaction du Parisien n’a pas participé à la réalisation de cet article.

Dans un monde où la maternité se planifie et se partage presque instantanément, il paraît inconcevable qu’une femme puisse porter un enfant sans en avoir conscience. Pourtant, le déni de grossesse est une réalité médicale bien documentée, qui bouleverse à la fois le corps, l’esprit et la perception que l’on a de soi. Comment expliquer qu’un organisme puisse se taire à ce point ? Et surtout, quels signaux, souvent discrets, peuvent alerter ? Derrière les apparences d’un corps inchangé, certains signes physiques et psychologiques méritent une attention particulière. Ensemble, tentons de décrypter ce phénomène aussi déroutant qu’invisible.

Le déni de grossesse, un phénomène rare mais bien réel

Contrairement à certaines idées reçues, le déni de grossesse n’est pas un mythe. Il s’agit d’un trouble psychique reconnu, dans lequel une femme enceinte ignore sa grossesse partiellement ou totalement. Selon une étude, ce phénomène concernerait chaque année entre 1 500 et 3 000 femmes en France. Environ 300 d’entre elles découvriraient leur grossesse au moment de l’accouchement, sans en avoir eu la moindre conscience. Ces chiffres, aussi surprenants soient-ils, rappellent que le déni n’est pas réservé à un profil particulier : il peut toucher toutes les femmes, quels que soient leur âge, leur parcours ou leur situation familiale.
Les médecins distinguent généralement deux formes. Le déni partiel correspond à une grossesse découverte tardivement, souvent après plusieurs mois, tandis que le déni total survient lorsqu’une femme ne prend conscience de son état qu’au moment de la naissance. Dans les deux cas, l’organisme semble se mettre en veille, comme s’il effaçait volontairement les signes de la maternité. Cette adaptation inconsciente du corps, combinée à une barrière psychique, rend la détection extrêmement complexe. 

Quand le corps se tait : l’effacement des signes visibles

Le déni de grossesse se manifeste avant tout par l’absence ou la discrétion des symptômes habituellement associés à la gestation. Dans une grossesse classique, l’arrêt des règles, les nausées, la prise de poids ou l’arrondissement du ventre constituent des repères évidents. Mais chez les femmes en déni, ces repères se brouillent ou disparaissent totalement.
De nombreuses patientes rapportent avoir continué à avoir des saignements réguliers, parfois mensuels, pendant plusieurs mois, ce qui rend toute suspicion improbable. Selon les observations cliniques relayées par le CHU de Lille, certaines conservent même un cycle apparent malgré la progression de la grossesse. A cela s’ajoute une quasi-totale de modifications physiques : le ventre reste plat ou à peine arrondi, la silhouette ne change pas et la balance ne bouge presque pas. L’utérus se développe vers le haut, logé contre la colonne vertébrale, ce qui rend la grossesse à l’œil nu.
Les autres symptômes tels que la fatigue, les nausées, la sensibilité des seins, existent parfois, mais de manière si discrète qu’ils sont attribués au stress, à un déséquilibre hormonal ou à un simple trouble digestif. Ce décalage entre le vécu corporel et la réalité biologique explique pourquoi certaines femmes peuvent consulter pour des douleurs abdominales sans qu’aucun professionnel ne suspecte une grossesse. Le corps, littéralement, garde le silence.

Le rôle du psychisme : quand l’esprit bloque l’évidence

Si le corps ne parle pas, c’est souvent parce que l’esprit refuse d’entendre. Le déni de grossesse repose sur un mécanisme de défense inconscient : pour certaines femmes, reconnaître la grossesse reviendrait à affronter une réalité jugée insupportable à ce moment-là de leur vie. Ce processus ne relève pas d’une volonté de cacher la vérité, mais d’un refus psychique inconscient.
La majorité des femmes concernées ne présentent pas de troubles psychiatriques préexistants. Elles mènent une vie ordinaire, travaillent, ont parfois déjà des enfants. Simplement, leur inconscient « bloque » la reconnaissance de la grossesse. Ce phénomène peut survenir dans un contexte émotionnel complexe : peur de la maternité, traumatisme antérieur, précarité, rupture amoureuse ou conflit intérieur. Dans ces cas-là, le cerveau agit comme un filtre protecteur, empêchant la réalité d’émerger à la conscience.
A la levée du déni, souvent brutale, un choc psychologique survient. Certaines femmes décrivent un sentiment d’irréalité, comme si la grossesse appartenait à une autre personne. La surprise, la peur ou la culpabilité peuvent dominer les premiers instants, avant que ne s’installe progressivement une compréhension plus apaisée.

Des facteurs multiples, mais aucune fatalité

Les recherches actuelles montrent qu’il n’existe pas de profil type du déni de grossesse. Des adolescentes, des femmes mûres, des mères déjà expérimentées : toutes peuvent être concernées. Cependant, certains éléments de vulnérabilité ressortent. Le stress chronique, l’isolement social, une histoire de violences ou un rapport difficile à la féminité peuvent créer un terrain propice. Parfois, la prise d’une contraception hormonale brouille encore les pistes : des saignements artificiels donnent l’impression d’un cycle normal, tandis que l’absence de prise de poids rassure à tort.
Selon une étude, la prévalence du déni de grossesse est estimée à environ 2,6 cas pour 1 000 naissances, ce qui confirme qu’il s’agit d’un phénomène rare, mais non exceptionnel. Ces chiffres invitent à dépasser les jugements moraux qui entourent encore ce sujet. Le déni n’est pas un choix, ni une dissimulation : c’est une manifestation extrême de la capacité et de l’esprit à se protéger.

Le déni de grossesse rappelle que le corps humain peut, parfois, défier toute logique. Derrière ce silence du ventre et cette absence de signes se cache un mécanisme de protection d’une rare complexité, où la psyché et le biologique s’accordent pour maintenir l’illusion. Mais ce silence peut être rompu. En prêtant attention aux signaux du corps, en osant parler de ses doutes, et en cherchant un accompagnement adapté, il est possible de retrouver le fil d’une maternité apaisée. Comprendre, écouter, soutenir : c’est ainsi que l’on peut, ensemble, comprendre ce phénomène.

Sources :

https://www.qare.fr/sante/maladies-femme-enceinte/deni-de-grossesses/

https://www.sante-sur-le-net.com/sante-femme/grossesse/deni-grossesse-definition-symptomes-traitement

https://www.larevuedupraticien.fr/article/deni-de-grossesse-mise-au-point-sur-les-specificites-cliniques

(Crédit photo : iStock / d3sign)

Article publié par
Ilhem Mahour

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