La santé mentale des enfants est une préoccupation majeure de notre société. Quelques chiffres alertent sur l’importance de s’y intéresser pour agir en conséquences.
L’organisation mondiale de la santé révèle qu’en 2021, 1 jeune sur 7, âgé de 10 à 19 ans, était en proie à un trouble mental. D’ailleurs, face à ces troubles, le suicide est la quatrième cause de mortalité chez les jeunes âgés de 15 à 19 ans. L’observatoire des tout-petits, quant à lui, indiquait déjà qu’entre 2015 et 2016, 22 010 enfants âgés de 1 à 5 ans avaient un diagnostic de trouble mental.
Mais qu’est-ce qu’un trouble émotionnel chez un enfant ? Quels sont les signaux d’alerte à identifier pour pouvoir agir ? Comment accompagner un enfant en proie à des troubles émotionnels ? Explications.
Trouble émotionnel : qu’est-ce que c’est ?
Un trouble émotionnel est une réaction anormale, souvent exagérée mais incontrôlable, face à aux stimulations de l’environnement d’un individu. Les émotions sont décuplées et peuvent même entraîner des troubles comportementaux, des réactions physiques.
Un trouble émotionnel impacte considérablement le quotidien d’une personne, qui ne parvient plus à gérer ses émotions et leurs conséquences physiques.
Alors, on associe souvent les troubles émotionnels aux troubles comportementaux.
Parmi les plus courants :
- L’anxiété ;
- La dépression ;
- Les phobies ;
- Les attaques de panique ;
- Les troubles du comportement alimentaire ;
- Les troubles du comportement agressif ;
- Les troubles émotionnels obsessionnels ;
- La solitude ;
- Les traumatismes.
Quels sont les signes d’un trouble émotionnel chez l’enfant ?
Comment faire pour identifier les signes d’un mal-être profond chez votre enfant ? Vous devez observer son comportement, ses réactions, et repérer tout changement d’attitude.
Les résultats scolaires de votre enfant sont en baisse soudaine
Les notes de votre enfant sont en chute libre, d’un seul coup. Il refuse de faire ses devoirs, manque de motivation, perturbe le déroulement de la classe.
S’il n’y avait aucun souci de ce côté là autrefois, une baisse significative des notes est sans doute un premier signal d’alerte : votre enfant peut rencontrer des difficultés scolaires liées à la hausse du niveau, ou à la manière dont sont enseignés les cours. Il peut s’agir d’autres causes, dépendantes ou indépendantes de la scolarité.
Votre enfant est fatigué
Bien que rien n’ait particulièrement changé au quotidien, que votre enfant se couche aux mêmes heures, qu’il se repose bien le weekend, il se plaint d’être fatigué.
Si cela persiste, soyez vigilant : votre enfant est peut-être si stressé et anxieux qu’il cogite plus que de raison.
D’autres troubles peuvent en être la cause : un besoin de concentration bien plus important en classe, des difficultés scolaires lui demandant beaucoup plus d’énergie, etc.
Votre enfant se plaint de douleurs diverses et régulières
Le corps réagit aux émotions. Alors, les signes physiques de troubles émotionnels peuvent se caractériser par :
- Des maux de tête répétitifs ;
- Des maux d’estomac (deuxième cerveau) ;
- Des troubles du transit ;
- Des crampes musculaires ;
- Des maux aux niveaux des cervicales ou du dos, des lombaires…
Essayez alors de déterminer si ces maux surviennent à des moments particuliers de la journée : à la fin du weekend, avant d’aller à l’école, quand il doit se séparer de vous, lorsqu’il doit aller quelque part en particulier, quand il se met à faire ses devoirs…
Vous pourriez ainsi identifier la cause de son stress.
Votre enfant a perdu l’appétit ou au contraire mange trop
Il est d’usage de dire qu’un bon appétit est le signe que tout va bien. Si vous repérez des changements dans la manière dont votre enfant s’alimente, c’est peut-être le signe d’un mal-être.
Bien entendu, les variations d’appétit sont parfois normales, en réaction à une journée difficile, une mauvaise nouvelle, l’humeur, la fatigue…
Mais lorsque cela s’installe au quotidien, vous devez réagir.
- Votre enfant s’alimente très peu et perd même du poids ;
- Votre enfant se jette sur la nourriture à tout moment de la journée ;
- Votre enfant trie ses aliments, refuse d’en manger certains ou se contente seulement de certains aliments (assez restrictifs – selon la couleur ou la forme, ou la texture, etc) ;
- Votre enfant ment sur son alimentation, dit qu’il a mangé alors que non.
Cette variation de l’appétit peut trouver son origine dans un mal-être qui lui coupe l’appétit ou au contraire qui le pousse à « manger » ses émotions.
Les pleurs et la tristesse sont fréquents
Vous remarquez que votre enfant pleure davantage, un peu pour tout, ou pour rien. Il semble à fleur de peau, plus sensible, plus réactif. Vous passez de longues heures à le consoler, ou bien votre enfant pleure dans son coin.
Son regard vous semble triste, il sourit moins, se montre moins joyeux, moins heureux que d’habitude.
Ces quelques signes doivent vous alerter. Quelque chose est à l’origine de cette tristesse et il faut en trouver la cause.
Votre enfant s’isole
L’isolement est un facteur important dans les troubles émotionnels. Votre enfant a-t-il changé d’attitude ? Refuse-t-il d’aller à l’école ? De se rendre à ses activités périscolaires ? A-t-il tendance à rester seul dans sa chambre alors qu’il ne le faisait pas avant ? Voit-il toujours ses copains de classe ? Que disent les enseignants ?
L’isolement volontaire ou involontaire de votre enfant (notamment à l’école, en présence d’autres enfants), est le signe que quelque chose ne va pas.
S’est-il disputé avec ses copains ? Est-il victime de harcèlement ? Pourquoi a-t-il besoin d’être seul ? A quoi pense-t-il dans ces moments ?
L’agressivité s’invite au quotidien
L’agressivité est une réaction vive, surprenante, source de conflits. Si votre enfant vous paraît soudain agressif, s’il se met en colère, s’il a des gestes vifs, et des comportements violents, c’est qu’il réagit probablement à un traumatisme.
Il active son mécanisme de défense. Il est alors essentiel d’en comprendre l’origine pour accompagner votre enfant vers la guérison.
Cette agressivité peut même s’exprimer envers lui-même. Se fait-il du mal ?
Comment aider votre enfant à se sentir mieux ?
Vous avez repéré quelques signaux d’alerte de troubles émotionnels chez votre enfant. Voici quelques conseils pour l’accompagner au mieux et lui permettre de se sentir mieux.
L’envelopper d’amour et de bienveillance
Un enfant réagit assez spontanément à ses émotions. Alors, il est important en tant que parent de l’envelopper d’amour et de bienveillance lorsque vous sentez que votre petit souffre de troubles émotionnels.
Il a certainement besoin d‘être rassuré, compris, écouté, valorisé. Ces troubles le déstabilisent suffisamment, pèsent dans son quotidien, et vous savoir là, qu’importe les réactions qu’il peut avoir, boostera son estime et sa confiance en lui. Il ne se sentira ni négligé ni moins aimé malgré sa difficulté à gérer ses émotions.
Accepter et légitimer ses émotions
Pour pouvoir l’accompagner au mieux, il est capital d’accepter et de légitimer ses émotions.
Votre enfant est en plein apprentissage de la vie. Chaque jour est un nouveau cap de franchi et certaines réalités de la vie peuvent l’affecter.
Ce qui le touche a de l’importance, même si pour vous cela n’en a pas. Chaque individu étant différent, il faut faire preuve d’intelligence émotionnelle en respectant les émotions de tout le monde, quelles qu’elles soient.
Votre enfant se sentira en confiance, sans jugement de votre part. Il se sent libre de ressentir les choses comme il l’entend, ce qui contribue à l’éloigner du sentiment de culpabilité à l’idée de « mal » faire les choses. C’est aussi un moyen de gagner sa confiance et de l’amener à exprimer plus en détails ses émotions pour les comprendre et trouver ensemble des solutions.
L’écouter activement pour qu’il se confie sur l’origine de son mal-être
L’écoute active est capitale. Vous donnez l’opportunité à votre enfant de vous expliquer ce qu’il se passe en lui.
Alors, questionnez-le sur ses sentiments, ses émotions pour l’amener à identifier la cause de son mal-être : comment te sens-tu le matin avant d’aller à l’école ? Qu’est-ce que tu ressens dans ton corps ? Qu’est-ce qui te fait te sentir mieux ? Est-ce que tu as peur ? Est-ce que tu te sens triste ? Qu’est-ce qui te rassure ? De quoi as-tu besoin quand tu te sens en colère, d’être seul ? De te défouler ? De prendre l’air ?
Pourquoi est-ce que tu t’isoles à l’école ? Aimes-tu être seul ? Te sens-tu rejeté ? Les autres enfants se moquent-ils de toi ? Quand tu me dis « X » sur le ton de la colère, qu’est-ce qui t’a agacé ?
Cette introspection lui permet d’apprendre à se connaître, de comprendre quels sont les éléments déclencheurs des émotions plus vives qu’il peut ressentir. C’est aussi un moyen de mieux cerner ses émotions, pour mieux les anticiper et de créer un cocon sécurisant autour de lui.
Faire de votre maison un cocon sécurisant
Votre foyer est le refuge de votre enfant, son repère quotidien, sa source d’énergie, son pilier, entouré des gens qui l’aiment plus que tout au monde.
Alors, vous devez faire en sorte que votre maison soit un lieu synonyme d’amour, de joie, de bien-être, de rires, de larmes parfois, mais aussi de liberté dans l’expression des émotions et des sentiments.
Sachant cela, votre enfant parviendra plus facilement à se livrer s’il sait qu’il trouvera une oreille attentive chez ses parents, ses frères et sœurs. Si au contraire, il craint de vous dire ce qu’il ressent par peur de votre jugement ou de vos réactions, il se terrera dans le silence, alimentant alors son mal-être.
Votre enfant doit entrevoir son « chez lui » comme son havre de paix, de sécurité.
Lui permettre de se défouler grâce au sport
Si votre enfant est en proie à une agressivité grandissante, à des émotions trop vives, il peut être intéressant qu’il pratique une activité physique.
Cela va lui permettre de se défouler, de rencontrer d’autres enfants, de s’amuser et de s’octroyer un temps rien que pour lui.
Les sports d’équipe favorisent la confiance en soi, le sentiment d’appartenance à un groupe, l’esprit d’équipe. L’enfant trouve sa place dans un groupe, a une utilité sociale, se sent important.
D’autres sports permettent d’exprimer ses émotions : le karaté, le judo, la boxe pour enfant, la lutte, l’athlétisme, ici l’enfant se surpasse lui-même ce qui booste son estime. Cet exutoire est capital pour lui apprendre à gérer ses émotions et à chasser ses idées négatives.
Préserver votre enfant des problèmes d’adultes
A la maison, veillez à ne pas avoir de discussion d’adultes devant vos enfants. En effet, ces derniers, même s’ils ne le montrent pas forcément, sont des éponges émotionnelles.
Vous pourriez penser qu’ils ne vous écoutent pas ou du moins qu’ils ne comprennent pas encore ce que vous racontez, alors que si !
Parler de vos problèmes financiers, vous disputer, évoquer des problèmes de santé en présence de vos enfants est un risque, tout comme se concentrer sur les problèmes climatiques graves, les conflits… Ils sentiront votre inquiétude, et s’inquiéteront à leur tour. Ils peuvent développer, par exemple, un instinct de protection à votre égard, et s’ajouter beaucoup de stress pour vous faciliter le quotidien ou tenter de trouver une solution à vos soucis.
Contrôler sa consommation d’écrans et de médias
Les réseaux sociaux sont grandement décriés ces dernières années, tout comme la consommation générale des écrans.
Ces derniers ont des effets néfastes sur les enfants : concentration, agressivité, troubles du sommeil, harcèlement… il est capital de contrôler les écrans de vos enfants.
Intégrer un système de contrôle parental est utile, limiter l’accès aux plateformes sociales avant l’âge requis est capital, avoir accès aux comptes de votre enfant pour vérifier ce qu’il regarde, avec qui il parle, mais aussi contrôler les échanges avec d’autres enfants est indispensable si vous sentez qu’il est stressé ou angoissé.
Les faits de cyberharcèlement sont nombreux et les conséquences extrêmement graves à en juger l’actualité récente et récurrente à ce sujet.
Contacter l’école pour vous assurer que tout s’y passe bien
L’école est le lieu où votre enfant passe le plus clair de son temps en semaine. Si vous observez un changement d’attitude, il peut être utile de vous renseigner auprès du corps enseignant pour que l’enseignant mais aussi tout le personnel puisse mettre en place une phase d’observation.
Les résultats scolaires sont-ils toujours bons ? Comment se passent les récréations ? L’enseignant voit-il un changement dans l’attitude ? Et sur le temps du midi ?
Ce sont quelques pistes à étudier, mais aussi un moyen d’agir quotidiennement pour aider votre enfant. Si l’enseignant est au courant des troubles émotionnels de votre progéniture, il sera sans doute plus en mesure de réagir en fonction.
Vous faire aider par un pédopsychologue
Vous constatez que les troubles émotionnels de votre enfant ne s’améliorent pas, pire, ils se détériorent. Il est vivement conseillé de faire appel à un professionnel qui pourra accompagner votre enfant vers la guérison.
Des psychologues pour enfants sont à votre disposition et ont les outils et les ressources nécessaires pour débloquer des situations, identifier des maux, trouver la cause de traumatismes et vous accompagner, en tant que parents, en vous donnant les clés pour aider votre enfant à se sentir mieux.
(Crédit photo : iStock – Olga Pankova)