Enfants et IA : quels risques pour la santé ?

La rédaction du Parisien n’a pas participé à la réalisation de cet article.

L’Intelligence Artificielle (I.A) est un outil spectaculaire qui permet de faciliter de nombreuses tâches et recherches. Pour les enfants, l’I.A est même devenue un supplément éducatif : résolution d’exercices de mathématiques difficiles, fautes d’orthographe à éviter…. Parce que ces outils savent s’adapter en fonction du public ciblé, ils permettent d’appréhender plus facilement des concepts compliqués. Mais, leur utilisation doit être strictement contrôlée, sans quoi l’enfant risque de développer certains troubles. On vous explique.

L’IA, de plus en plus présente dans le quotidien des enfants

En quelques années à peine, l’I.A a fait irruption dans notre quotidien, et ce, de manière presque invisible. Et pourtant, l’ensemble de nos outils technologiques sont désormais boostés à l’I.A afin de maximiser l’expérience utilisateur : algorithmes de recommandation « sur mesure », plateformes d’apprentissage personnalisé, coach artificiel…

L’attrait de ces outils est évident : les algorithmes captent notre attention et connaissent nos centres d’intérêt. Pour les enfants, l’I.A s’adapte à leur rythme d’apprentissage et rend l’éducation plus engageante et ludique. Certaines écoles commencent d’ailleurs à s’équiper d’applications, propulsés par l’I.A, qui permettent de faciliter l’apprentissage de la lecture.  Pour les enfants en situation de handicap, ces dispositifs peuvent constituer un outil de communication et d’accompagnement précieux. En Corée du Sud, une équipe de chercheurs a même construit une I.A capable de détecter les premiers signes de trouble du neurodéveloppement. S’il est encore trop tôt pour évaluer l’efficacité et la pertinence de ces outils, le constat suivant n’en reste pas moins vrai : les enfants sont exposés à l’intelligence artificielle, et ce, de plus en plus jeune. Cette intégration croissante de l’I.A ne relève pas d’un effet de mode : elle constitue une véritable rupture avec la manière dont les jeunes interagissent avec la technologie. Il convient donc de s’interroger sur les risques qu’entraine l’irruption de l’I.A dans le quotidien des enfants.

I.A et développement cognitif

Les premiers risques auxquels sont exposés les enfants via l’I.A sont d’ordre cognitif.

Un risque d’addiction

En effet, les enfants sont les cibles les plus vulnérables face aux applications qui souhaitent maximiser le temps passé devant un écran : c’est le cas de l’ensemble des réseaux sociaux, et des plateformes de visionnage de contenus. Les algorithmes de ces plateformes sont particulièrement performants pour capter et retenir l’attention, surtout celle des enfants. Parce qu’elle s’adapte en direct à leurs réactions (temps passé sur la vidéo, boutons j’aime…), les enfants peuvent rester des heures devant un écran sans jamais s’ennuyer. Or, parce que cette expérience génère de la dopamine, elle entraine un important risque de dépendance et d’addiction : les enfants exposés aux écrans et à l’I.A ne sont pas en mesure de contrôler eux-mêmes leur consommation. Ils risquent alors de développement des troubles de la concentration, un décrochage de l’intention, une perte d’autonomie et un retard dans l’acquisition de certaines facultés : lire, parler, compter…

Comment y remédier ?

Ne laissez pas vos enfants sur un téléphone ou devant un écran sans surveillance. Instaurez un temps limité durant lequel ils peuvent en profiter, et augmentez-le un peu plus au fur et à mesure qu’ils grandissent. L’UNESCO préconise d’ailleurs aux parents et aux enseignants de ne pas exposer les enfants de moins de 13 ans à l’intelligence artificielle générative.

Une influence des émotions

En personnalisant l’information, l’I.A construit des bulles de contenus dans lesquelles l’enfant est exposé à des idées qui renforcent ses préférences… et qui ne l’aident pas à développer son esprit critique. Or, l’enfance est la période durant laquelle un individu commence à forger son identité : une exposition répétée aux mêmes contenus limite sa capacité à confronter différents points de vue ou à prendre du recul.

Comment y remédier ?

Soyez attentifs aux contenus visionnés par vos enfants ou aux discussions tenues sur les agents de conversation (ChatGPT, Claude, Perplixity…). Pour leur apprendre à utiliser ces outils avec discernement, échangez avec eux et demandez-leur ce qu’ils observent et apprennent sur ces outils. Encouragez-les à questionner les informations proposées par les I.A génératives et à développer d’autres hobbies de leur côté, hors des écrans (lecture, sport, instrument de musique…)

Un impact sur la santé mentale

L’IA permet aux algorithmes des réseaux sociaux d’être de plus en plus performants, parfois au détriment de leur audience. En effet, les réseaux sociaux alimentent et renforcent la comparaison sociale chez les adolescents, alimentant un cercle nocif pour leur santé mentale. En effet, la comparaison à des images idéalisées favorise l’anxiété et la baisse de l’estime de soi. Par ailleurs, certains jeunes se « confient » à l’I.A : or, ces outils ne sont pas conçus pour aider les enfants et ne peuvent pas remplacer un suivi psychologique lorsque celui-ci est nécessaire.

Comment y remédier ?

Parents, repérez les signes qui traduisent une baisse de morale chez l’enfant : troubles alimentaires, baisse des résultats scolaires, de la curiosité… Encouragez-les à parler à quelqu’un en qu’ils ont confiance : famille, enseignant(e)… Mettez également en place un contrôle parental si besoin : OpenAI, la maison mère de ChatGPT, vient d’annoncer la mise en place d’un contrôle parental sur le site à la suite du décès d’un jeune adolescent américain.

Les risques physiques de l’IA

L’I.A ne présente pas seulement des risques psychiques et psychologiques pour les enfants. En effet, elle peut aussi avoir des effets très concrets et visibles.

Le premier d’entre eux, la sédentarité. L’I.A encourage les pratiques qui favorisent l’immobilité : jeux vidéo, visionnage de contenu, assistants vocaux… Or, la sédentarité chez l’enfant atteint des niveaux records : selon Santé Publique France, chez les enfants de 6 à 17 ans, seulement 33 % des filles et 51 % des garçons pratiquent suffisamment d’activité physique. Selon la même enquête, 80 % des enfants passent plus de deux heures par jour devant un écran. La sédentarité chez l’enfant augmente le risque de surpoids, de troubles du comportement alimentaire et dégrade la qualité du sommeil.

Par ailleurs, la lumière bleue, associée à une utilisation prolongée des écrans et potentiellement de l’IA, entraîne une fatigue oculaire et une altération du cycle naturel de repos de l’enfant. Or, pour rappel, les enfants de 6 et 12 ans ont besoin de minimum 9 heures de sommeil par nuit.

Comment y remédier ?

Pour éviter les risques de sédentarité chez l’enfant, Santé Publique France conseille de ne pas rester assis ou allongé plus d’une heure lors de la pratique d’activités devant un écran : jeux vidéo, télévision, ordinateur… Pour lutter contre la lumière bleue et la fatigue oculaire, il est possible d’acheter des lunettes avec des verres protecteurs, qui réduisent l’exposition à ces rayons. Enfin, instaurez un couvre-feu à partir duquel il n’est plus possible d’accéder aux écrans, et privilégiez les chambres sans équipement technologique.

(Crédit photo : iStock – selimaksan)

Article publié par
Raphaël Dutemple

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