IA et éducation : faut-il laisser ChatGPT aux enfants avec leurs devoirs ?

La rédaction du Parisien n’a pas participé à la réalisation de cet article.

« Explique les trous noirs à un enfant en classe de 6ème ». Ce genre de requêtes, encore impossible il y a quelques années, fait désormais partie du quotidien de nombreux parents. La capacité de l’Intelligence Artificielle (IA) générative à s’adapter à tous les niveaux d’apprentissage fait émerger de nombreuses possibilités : aider les enfants à appréhender des concepts compliqués, à mieux comprendre leurs erreurs, à s’entrainer en générant des exercices… Toutefois, pour que cela soit bénéfique, une condition est essentielle : l’encadrement strict des parents. On vous explique.

L’IA : des bienfaits pour l’apprentissage 

En seulement quelques années d’existence, les modèles de langage (ou LLM, Large Langage Model) ont bouleversé nos usages, à tel point que les recherches sur google sont progressivement remplacés par les prompts sur ChatGPT. Cette mini-révolution touche évidemment les plus jeunes, qui naissent et grandissent avec les outils digitaux. Face à tous les comportements rendus possibles par l’IA, il peut être tentant pour certains parents de protéger leurs enfants en interdisant leur utilisation. Toutefois, cela veut dire passer à côté de certaines possibilités pouvant faciliter leur scolarité. A condition de respecter le mantra suivant : l’IA accompagne, mais ne remplace pas.

Premièrement, l’IA permet de simplifier et d’expliquer en des termes différents des concepts difficiles à aborder. Prenons l’exemple d’un enfant en classe de 5ème qui a des difficultés à comprendre un cours sur l’atome et les molécules : les parents peuvent demander à l’IA de reformuler les notions évoquées en cours, mais en les simplifiant, en prenant des exemples, en utilisant des points de comparaison pour se repérer. Cela met ensuite l’enfant dans des meilleures dispositions pour comprendre la suite du cours ; dans ce cas précis, l’IA aura presque fait le travail d’un « vulgarisateur », pratique déjà très courante dans le domaine de la science.

Ensuite, l’IA permet de tester ses connaissances. Génération de quiz, d’exercices en quelques secondes… Grâce à ChatGPT, il est possible d’aller plus loin que les manuels en demandant des exercices « sur mesure », adaptés au niveau de l’enfant et à son niveau de maîtrise. Au fur et à mesure, l’IA peut augmenter la difficulté, tout en fournissant des corrections extrêmement détaillées si besoin. Autre exemple d’usage : pour se préparer à une présentation orale, il est possible de glisser le diaporama sur ChatGPT et lui demander une liste de questions. L’enfant peut ainsi anticiper les différents scénarios qui peuvent survenir à l’issue de sa présentation. Pourquoi est-ce bénéfique ? La prise de parole est souvent liée à une angoisse d’être « pris au piège » par une question à laquelle nous n’aurions pas la réponse : ce travail en amont permet donc de réduire cette anxiété, et de prendre confiance.

Lors de la révision d’examens, l’IA permet également de générer des QCM ou exercices d’entrainements, des fiches synthèses, des cartes questions/réponses…

Une utilisation qui présente des risques

Tous les bienfaits de l’IA ne peuvent fonctionner qu’à une seule condition : un suivi de la part des parents et une utilisation encadrée. Lui laisser carte blanche augmente les risques que l’IA réalise entièrement les devoirs de l’enfant à sa place. Cela pose évidemment plusieurs problèmes pour le développement cognitif de l’enfant.

En tout premier lieu, l’IA n’est pas infaillible. Autrement dit, un devoir réalisé entièrement par ChatGPT n’est pas garanti d’obtenir une bonne note. Les réponses de l’IA doivent être questionnées et vérifiées car elles ne sont pas à l’abri de contenir des erreurs. Une grande partie de l’utilisation de l’IA repose donc sur la vérification des réponses qu’elle fournit : à ce titre, certaines études commencent à paraître et montreraient que l’intelligence artificielle ne serait pas la révolution promise.

En effet, une étude des chercheurs Anders Humlum et Emilie Vestergaard, des Universités de Chicago et de Copenhague, dévoile que l’IA offrirait un gain de temps de seulement 3 %. Si cette étude porte sur le marché du travail, elle est d’autant plus vraie pour les enfants et étudiants, qui doivent être d’autant plus vigilants dans leur utilisation de ces outils. Une trop grande confiance en ces outils entraîne une perte d’autonomie, de curiosité ainsi qu’un retard important dans le développement de son esprit critique.

Deuxièmement, l’IA n’est pas un enseignant. Si elle peut aider à un enfant à mieux comprendre certains concepts, elle ne remplace pas le contact avec ses professeurs, dont la transmission du savoir est leur métier. L’IA ne peut pas non plus apprendre à la place de l’enfant : beaucoup sont tentés de recourir à ChatGPT, dès lors qu’ils bloquent sur une question ou un exercice. Or, se décourager, c’est renoncer à exercer ses facultés intellectuelles. La recherche, le tâtonnement et surtout l’erreur font partie de tout processus d’apprentissage : ils constituent le seul moyen de progresser.

 Enfin, les réponses de l’IA, notamment dans les Humanités (français, philosophie, langues, histoire-géographie), restent souvent superficielles et nécessitent un important travail d’approfondissement pour rendre un devoir pertinent et de qualité.

Ainsi, pour une approche responsable et cohérente de l’IA par vos enfants, un grand travail de sensibilisation doit être fait en amont :

  • Encadrez l’utilisation faite de l’IA (ChatGPT, Perplexity, etc.) par vos enfants : ne laissez pas ces outils être utilisés sans supervision.
  • Favorisez un usage éducatif : montrez-leur comment l’intelligence artificielle peut servir à apprendre, plutôt qu’à tricher ou à contourner l’effort.
  • Parlez des limites et des biais de l’IA : sensibilisez-les au fait que les outils numériques reflètent parfois des erreurs, et qu’ils ne remplacent jamais le jugement humain. Pour une approche responsable, expliquez l’impact écologique de l’IA, et la nécessité d’utiliser ces outils avec parcimonie.

(Crédit photo : iStock -Francesco Carta fotografo)

Article publié par
Raphaël Dutemple

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